Dans mon dernier billet, consacré au processus de démocratisation en Tunisie, j’ai accentué le fait que la Tunisie se trouvait (et se trouve) dans une situation socio-économique délicate et que la Tunisie avait besoin de notre aide. J’ai aussi parlé de mesures symboliques ….. et dans ce sens le dévoilement des quatre finalistes pour le Goncourt 2015[1] au Musée du Bardo à Tunis le mardi 27 octobre 2015 fut certainement un symbole fort de la part de l’Académie Goncourt – un symbole fort que je salue avec ce petit billet de blog!
Je ne vais pas m’aventurer à donner un pronostic pour le Goncourt 2015 comme je le fais assez régulièrement pour le Nobel de littérature (dernièrement ici dans Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2015) mais j’aimerais simplement rappeler que la révolution tunisienne de l’hiver 2010-11 fut aussi une révolution francophone. Le slogan « Ben Ali dégage » faisait le tour du Monde, via Internet, Facebook, les images de la jeunesse tunisiennes se révoltant face à un dictateur qui n’hésitait pas à tirer sur son propre peuple, sa propre jeunesse. Tout cela débuta le 17 décembre 2010 avec les évènements de Sidi Bouzid, - il y a maintenant presque cinq ans. Pour relire, revivre un peu l’ambiance de cet hiver2010/11 en Tunisie je pense que la lecture de deux livre de récit-(photos) – témoignages peut un peu nous rappeler l’ambiance de cet hiver 2010/11 en Tunisie – je pense d’une part au livre édité par Viviane Bettaïeb « Dégage- la révolution tunisienne – livre témoignages 17 décembre 2010 – 14 janvier 2011 » et d’une autre part à « Dégage ! –une révolution » édité par Lionel Besnier
& Narges Temimi avec des textes de Collette Fellous, Abdelwahab Meddeb et de Georges Wollinski. Au-delà des souvenirs de l’hiver révolutionnaire 2010-11 en Tunisie, - le livre « Dégage ! –une révolution » - comporte aussi un chapitre de souvenirs de jeunesse de Georges Wolinski intitulé « les Tunisiens sont « sagés » » qui débute avec les mots « La Tunisie est le pays où je suis né en 1934, à l’époque du protectorat. Le pays de mon enfance. Le pays de mes souvenirs. Je me souviens des immenses charrettes, tirées par des chevaux, qui, le matin, livraient des gros blocs de glace que ma nonna (ma grand-mère) enfouissait dans des glacières vétustes. Je me souviens du marchand de beignets. Je me souviens … « et finit avec ces mots » La révolution tunisienne m’réjoui … Maintenant, j’attends de voir ce qu’ils vont faire de leur liberté [2]». Georges Wolinski n’a pas pu voir la suite des évènements de la phase de démocratisation en 2015, l’annonce de L’attribution du prix Nobel de la paix 2015 au Quartet du dialogue national tunisien, il a été assassiné lors de l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
Signalons aussi la parution récente d’une petite « Histoire de la Tunisie depuis l’indépendance » de Larbi Chuikha et Eric Gobe –qui comporte un chapitre sur la Tunisie post – Ben Ali méritant la lecture.
Ces trois livres devraient se trouver dans toutes bibliothèque francophone importante, - car la Tunisie est aussi un pays francophone ! Le dévoilement des quatre finalistes pour le Goncourt 2015 a eu déjà le mérite de nous rappeler que la Tunisie est aussi un pays francophone !
Livres cités :
Besnier, Lionel ; Temimi, Narges (ED)(2012) : Dégage ! une révolution. Photographies de Akram Belaid, Amine Boussofara, Saif Chaabane, Mohamed Heithem Chebbi, Zeineb Henchiri, Yassine Meddeb Hamrouni,Hanène Saidi, Adib Samoud et Rim Temimi.Textes de Colette Fellous, Abdelwahab Meddeb et Georges Wolinski. Paris (Libella/Éditions du Phebus), ISBN 978-2-7529-0671-7
Bettaïeb, Viviane (2011): Dégage : la révolution tunisienne, 17 décembre 2010 - 14 janvier 2011. Tunis, Éditions du Patrimoine ISBN 978-9973-22-277-0, Paris Editions du Layeur, ISBN 978-2-915118-98-8
Choikha, Larbie ; Gobe, Eric (2015) : Histoire de la Tunisie depuis l’independance. Paris (Editions de la Decouverte), ISBN 978-2-7071-7816-9
Christophe Neff, le 02.11.2015
[1] Les quatre finalistes pour le Goncourt 2015 dévoilés le mardi 27.10.2015 à Tunis sont : Nathalie Azoulai pour Titus n’aimait pas Bérénice (P.O.L) ; Mathias Enard pour Boussole (Actes Sud) ; Hédi Kaddour pour Les Prépondérants (Gallimard) ; Tobie Nathan pour Ce pays qui te ressemble (Stock).
[2] Georges Wolinski (2012) « Les Tunisiens sont « sages » » dans Besnier, Lionel ; Temimi, Narges (ED)(2012) : Dégage ! une révolution. P. 164-165